La maison de Laurent Geninasca est située sur les hauts de Neuchâtel, dans un des plus beaux quartiers résidentiels de la ville, fait d’un étagement de jardins en terrasses aux arbres séculaires. Sur une parcelle nichée entre deux rues, aux murs de soutènement de 10 mètres de hauteur, elle semble accrochée à la pente. Son socle est formé par le garage qui soutient le projet adossé à un mur, vieux de plusieurs siècles, en « Pierre Jaune d’Hauterive ou de Neuchâtel », cette roche calcaire, à l’origine un sable marin, sert de référence aux géologues du monde entier. La maison est construite en forme de U autour d’un jardin intérieur, ou patio, depuis lequel le mur de Pierre Jaune est bien visible. « La construction appartient à l’environnement et vient s’y poser, sans en affecter la nature ». Il y a deux appartements, Laurent occupe celui du bas depuis 2009, il est entouré d’un grand jardin. Le deck en bois est longé par des gravillons, tellement fins qu’on les confond avec du sable, on passe d’une île végétale à une autre, l’arborisation tend vers un style japonais et bord de mer. Les façades crépies, griffées, de couleur sable ajoutent encore à l’effet. « Construire sa propre maison n’est pas une tâche facile, mais je ne suis pas de ceux qui sacralisent les lieux ; je suis ici aujourd’hui mais pourrais être ailleurs demain ! Cette attitude a rendu le projet plus abordable, je n’avais pas besoin que tout soit parfait». La porte d’entrée est une paroi ajourée, ou claustra, qui permet de voir sans être vu ; quand le soleil l’éclaire des jeux de lumières étonnants apparaissent sur le sol et les murs. Les fenêtres sont en bois/métal : aluminium eloxé bronze pour l’extérieur et bois peint brun foncé pour l’intérieur. L’architecture est minimaliste, très pure, zen, calme, on y retrouve la philosophie et l’esthétique wabi-sabi des japonais dans la simplicité et le naturel. Ce dépouillement est contre-balancé par la présence de grandes baies vitrées coulissantes qui ouvrent sur l’extérieur, la vue sur le lac et les Alpes. « J’aime que le rapport à l’espace soit le plus direct possible ».
Des tons neutres, le même parquet en chêne huilé blanchi couvre tous les sols, des grands rideaux écrus, peu de meubles, aucune fioriture, Laurent n’apprécie pas particulièrement de s’encombrer de bibelots. « L’ajout de tissu apporte une dimension chaleureuse, un équilibre à un lieu ; le tissu crée une mise en scène. Utiliser une couleur sur un mur peut transformer une pièce ». Père de trois enfants, il vit seul et la maison s’anime en fin de semaine quand tout le monde débarque pour le week-end. Il y a cinq chambres à coucher et trois salles de bain, un salon prolongé par une cuisine-salle à manger, le tout réparti sur environs 280m2. Dans ce lieu très lumineux, tous les aménagements destinés au bain sont sombres, en grès brun foncé, mat : « après toute cette lumière, j’avais envie d’un monde intimiste en rupture avec le reste de la maison, un peu comme les thermes à Vals de Peter Zumthor. Et le grès est un matériau sensuel au toucher…». Dans la salle de bain attenante à la chambre à coucher de Laurent, une grande baie vitrée, placée juste devant la baignoire, ouvre sur le patio et accentue encore l’effet de contraste entre lumière et intimité. Elle renforce visuellement la puissance de l’arbre et de la Pierre Jaune du vieux mur qui ornent le jardin intérieur. Laurent décrit sa chambre comme « une tanière dans laquelle je peux me détendre à l’abri de toute nuisance, je lis beaucoup et c’est un excellent lieu de lecture et de relaxation». Toute la surface de la maison est très intelligemment distribuée, on s’y déplace facilement, chaque détail a été pensé pour qu’on aie le sentiment de flotter d’une pièce à l’autre, comme les portes en vantail qui, quand elles sont ouvertes, pivotent et se fondent dans les parois des murs.
Laurent Geninasca
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