Au coeur du bourg de Cerlier, la rangée de bâtisses étagée le long d’une ruelle étroite et pentue, probablement érigée au milieu du 15ème siècle, se caractérise par l’asymétrie de ses édifices. Elle donne l’impression que les bâtiments reposent les uns contre les autres. Dans cette petite ville située sur les rives du lac de Bienne, le temps semble s’être arrêté. Immédiatement séduits par le charme de l’endroit, c’est ici qu’Armand Louis – l’un des membres fondateurs d’Atelier Oï – et son épouse Michèle ont établi leur repaire familial, avec leurs deux fils Arno et Théo. Ils y ont conçu un lieu chaleureux où le bois décline ses essences au travers d’un design intérieur façonné comme une sculpture.
Depuis longtemps le couple avait pour projet de se rapprocher de l’ile Saint-Pierre, très chère à leur cœur, et où ils possèdent une cabane au bord de l’eau. Le bourg de Cerlier est idéalement situé dans le prolongement de l’île. La famille recherchait également un lieu de vie susceptible d’accueillir les nombreuses activités qu’elle avait envie de développer : ateliers, concerts, maison d’hôtes. Elle voulait concevoir une habitation conviviale, un lieu d’hébergement et d’hospitalité, où elle pourrait organiser des évènements et recevoir des convives. La partie inférieure de la maison a été tout spécialement conçue à cet effet. De l’autre côté de la rue se trouve un pavillon en bois, entouré d’un grand jardin un peu sauvage, ce dernier accueille les amis et peut être loué pendant quelques jours dans un concept b&b. Une déco minimaliste pour un tout petit espace avec salle de bain, le focus est mis sur la vue splendide du lac de Bienne. Parfait endroit pour une résidence d’artiste.
Un habitat inscrit dans l’histoire
Selon l’expertise des monuments historiques la maison daterait de 1486. L’édifice a subi une rénovation complète en 1999, période où sa structure a été revisitée de fond en comble et modernisée par les anciens propriétaires, cela dans le respect de la tradition. Armand et Michèle n’ont pas fait de grands changements. Les travaux les plus conséquents ont été réalisés à l’étage inférieur afin de créer un appartement indépendant pour y recevoir des hôtes. Les espaces ont été ouverts et décloisonnés pour former une enfilade de zones qui cohabitent : la cuisine et la salle de bain se font face et des portes protègent les lieux d’intimité. Certains points de vue permettent d’embrasser l’espace dans sa globalité.
Tout est question d’équilibre
L’architecture des lieux a évolué à travers le temps ; elle est compatible avec la vision de l’espace du couple. Dans une notion de complémentarité de matière, pour accompagner et/ou contraster avec les murs blanchis à la chaux et le sapin blanc des plafonds, Armand intervient avec du masking tape japonais. Ces rouleaux de ruban adhésif en papier washi se découpent à la main, se collent sur tous les supports et se décollent sans laisser de trace. « J’aime l’utiliser pour amener des notes de couleur et du rythme» précise Armand Louis. Par petites touches, il tisse ainsi des traits d’union entre les éléments d’origine et certaines parties plus contemporaines pour aborder l’espace d’une autre manière.
Une déco qui raconte une histoire
« Les objets représentent des étapes dans l’apprentissage de la vie et l’évolution de notre famille. Aujourd’hui, ils font partie de notre quotidien, demain ils seront peut-être remplacés. Ils sont le reflet de moments vécus : une peinture d’Arno, une sculpture de Théo, un photophore d’Armand, une reliure de Michèle… » explicite la maîtresse des lieux. Le mélange des genres ne leur fait pas peur ; il est même recherché. Une sculpture traditionnelle trouve ainsi sa place à côté d’une lampe contemporaine. Mettre en scène les objets qui dialoguent et cohabitent malgré leur différence, voilà qui inspire toute la famille. « Nous privilégions les matières vivantes, les matériaux nobles ou ceux considérés comme ordinaires mais qui, par leur utilisation ou leur transformation, deviennent raffinés. »
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