Martin Hauser, Siat

Martin Hauser, Siat

Il y quelques années, Martin Hauser a eu le coup de foudre pour une des plus anciennes bâtisses de Siat, petit village de montagne dans une vallée retirée des Grisons, une structure un peu austère construite en 1750. Le bâtiment avait été utilisé pour des camps d’été et accueillait une quarantaine de ​​lits. L’immensité de l’endroit terrifiait tous les acheteurs potentiels. Pas Martin, qui s’est engagé à restaurer et transformer l’édifice en une confortable maison de week-end, loin de l’animation de Zurich où l’architecte d’intérieur vit et travaille. « Quand j’ai acheté la maison, elle avait été utilisée pour des colonies de vacances. Les murs d’époque, très épais, étaient habillés d’une couche de panneaux de bois laids que nous avons enlevés. Les sols étaient également recouverts de différents matériaux, posés les uns sur les autres, reflétant les styles et périodes. Nous avons éventré les lieux, jeté d’énormes quantités de déchets, environ 18 tonnes ! Au fur et à mesure que nous avancions, nous éprouvions à la fois de l’excitation et de la terreur : qu’allions-nous encore découvrir ! ».

Des papiers peints, des journaux, différentes teintes de peinture, rien ne valait la peine d’être récupéré et la décision a été prise de tout refaire. La maison était chauffée par de nombreux poêles à bois, ces derniers ont presque tous été conservés et restaurés. Les toilettes et douches existantes, d’un style assez lugubre, ont laissé place à trois jolies salles de bains lumineuses, pour l’une d’elle le sol et les murs sont recouverts de marbre chaulé, plus abordable que le marbre de Carrare, avec effet garanti ! De longs travaux complexes sur l’isolation, les murs, les plafonds et les planchers, une cuisine entièrement revisitée donnent un résultat époustouflant. Chacune des huit chambres a son propre caractère et charme. Un agréable bureau jouxte la salle à manger qui ouvre sur le salon. Martin Hauser est un grand connaisseur et professionnel du mobilier design vintage et contemporain. Il était l’un des tout premiers concessionnaires vintage du 20ème siècle à Zurich. Minimaliste à l’extrême, la décoration prône le retour à l’essentiel, les matériaux naturels, voire rustiques, ont été privilégiés. Les murs et les sols sont blanc pour accroître la luminosité ambiante de l’espace. Sur les planchers en bois qui ont été condamnés car impossibles à sauvegarder, on a versé du ciment puis ils ont été peints en blanc, mettant ainsi en valeur les kilims colorés que Martin collectionne depuis des années. Les boiseries sont essentielles : que ce soit des portes ou des sols anciens, ils ont été poncés, lavés et brossés, puis conservés brut. La structure du bois brut contraste merveilleusement avec les murs blancs. Exit le superflu, place à l’essentiel. Les objets décoratifs sont, par exemple, substitués par des collections de coquilles d’escargots vides trouvées lors d’une balade en forêt, une sobriété qui reflète la paix et le calme. « La maison est assez austère, j’aime sa simplicité, ces lieux respirent la paix, une force tranquille. Le but était surtout de ne pas trop restaurer, de la laisser dans son jus. J’ai appris à apprécier la beauté de l’imparfait, Wabi-sabi pour les Japonais. Le dépouillement et l’authenticité associés à l’imperfection découlent du concept. Sur les murs, j’ai utilisé de la chaux, les surfaces sont inégales, les bordures ont des défauts. J’aime les petites fenêtres du bâtiment, elles créent des histoires, nous laissant entrevoir la chapelle, un vieil arbre, la montagne au loin… » Dans cette maison, il apprécie particulièrement l’utilisation du lin pour les plaids et draps, les rideaux sont faits de toile brute, inachevée, pour en effet isolant il les a doublés d’un côté avec un sergé de cavalerie rouge foncé. Le salon d’une extrême sobriété accueille quelques pièces triées sur le volet signées Hans J.Wegner ou provenant de la collection de Martin : « En ce qui concerne les meubles j’utilise principalement mes propres créations car elles me correspondent et peuvent être utilisées presque partout. Je les mélange souvent avec des classiques vintage, la patine et l’altération par le temps sont ici sublimées plutôt que dissimulées. Les antiquités proviennent toutes des Grisons, patiemment chinées chez les antiquaires locaux. » le mobilier recouvert d’un tissu neutre accentue cette sensation de sérénité, tandis que l’omniprésence du mobilier en bois brut rappelle l’importance de la nature dans cette philosophie.

www.martin-hauser.ch