VIU, Fabrice

VIU, Fabrice

Le quartier de Wipkingen à Zurich était autrefois une commune à part entière et il conserve un peu de ce flair villageois ; le marché envahit les rues deux fois par semaines, les habitants se connaissent et se saluent ! Fabrice Aeberhard, fondateur et directeur de création de la marque de lunettes VIU, s’y est installé avec sa famille dans une ancienne scierie, de la fin du 19ème siècle, transformée en lieu d’habitation. « Voilà une année que nous souhaitions déménager, nous étions à la recherche d’un espace où donner libre court à notre créativité et qui nous permette aussi de travailler ; quand nous avons découvert cet univers aux allures d’atelier, le coup de cœur a été immédiat.» Fabrice et Sandra Kennel, sa compagne photographe, ont posé leurs valises dans ce lieu atypique il y a deux ans. Quelques travaux, principalement au rez-de-chaussée, se sont révélés nécessaires : « Sandra et moi avons une passion pour le futur, mais aussi un grand respect pour le passé. Nous ne souhaitions en aucun cas dénaturer l’âme de ce lieu un peu magique en le transformant en loft contemporain et branché. » Créer un bureau faisait partie des priorités. Ce dernier a trouvé sa place en enfilade du grand salon-lounge situé au sous-sol ; en effet une vaste zone inutilisée a pu être entièrement réaménagée : le sol aplati, les murs isolés, il abrite aujourd’hui un joli lieu de travail pour le couple. Le plancher d’origine du salon a aussi été très soigneusement rénové, poncé, puis blanchi à la chaux, cela entièrement à la main, pour conserver toutes les traces historiques. C’est dans cette vaste pièce que l’on pénètre dans la maison, par de grandes portes vitrées qui peuvent être dissimulées avec des rideaux de lin blanc. Le style un peu bohème est relevé par un choix de design sobre mais très pointu. Le couple a volontairement opté pour une décoration au teintes épurées et claires Ils sont amateurs d’achat d’art dans des galeries, se laissant parfois inspirer par l’instant, mais ils apprécient tout particulièrement l’acquisition des oeuvres d’artistes qu’ils connaissent : «J’ai l’immense privilège d’avoir beaucoup d’amis dans le monde du design, il m’arrive de pouvoir acheter des prototypes directement  aux designers qui les ont réalisés. Je suis heureux quand l’objet peut être associé avec un ami, et encore plus content si il s’agit d’un prototype ! »

Amateur de grands classiques, Fabrice a attendu douze ans pour s’offrir le fauteuil de Marc Newson dont il rêvait. Ce dernier trône, telle une sculpture, aux côtés de la table Riviera d’Alfredo Häberli  éditée par Dadadum. La montée à l’étage supérieur se fait par le biais d’un escalier en bois, très raide et étroit.  Le jeune fils du couple, Joel, a rapidement appris à négocier les marches qui relient les trois étages de la bâtisse, façonnée tout en hauteur. Pour sécuriser les cages d’escalier sans main-courante, une structure légère, en fines lames de bois, a été conçue par Fabrice : « Cette structure apporte un élément graphique très esthétique, mais également un aspect sécuritaire, ces escaliers restent un point délicat dans la maison ; quand nos amis débarquent avec de petits enfants nous sommes un peu nerveux ! » Au haut des escaliers, un coin très agréable avec poêle et banquette est devenu l’endroit préféré de Joel. « Il s’y installe naturellement pour boire son lait ! Le poêle chauffe la maison et égaye l’atmosphère, on s’en sert souvent et à toutes saisons. » La cuisine accueille régulièrement de grandes tablées, le couple adore recevoir les amis, en toute simplicité, et l’espace s’y prête à merveille : « La cuisine est le cœur de la maison. Il y a presque toujours de la musique, on mange, on travaille autour de la table, la proximité de la cuisine me plait, je peux grignoter et boire quand bon me semble ! C’est l’endroit où tout le monde se retrouve.» En haut de chaque cage d’escalier, une trappe en bois permet de fermer et privatiser un étage entier. L’espace de nuit, une grande pièce sans porte, peut ainsi être préservée du bruit quand la fête se prolonge. La chambre de Sandra et Fabrice est séparée par une paroi en forme de L : « Nous nous sommes accrochés à la belle poutre d’origine pour créer cette paroi, elle a de multiples fonctions, dressing d’un côté pour nous et le lit de Joel sous la forme d’une niche, de l’autre. » Dans cet univers intime, Fabrice a trouvé un lieu pour se ressourcer : « VIU m’apporte énormément de liberté pour créer chaque jour de nouveaux produits avec passion. Je découvre des pays, des villes que je ne connaissais pas et je crée des contacts aux quatre coins du monde. Si les connexions avec les créatifs et entrepreneurs sont incroyablement enrichissantes j’investis beaucoup de moi-même… Me retrouver dans cette maison avec ma famille c’est une bouffée d’air frais ! »