Emmanuelle, Lausanne

Emmanuelle, Lausanne

Vivre dans un immeuble avec une âme, des parquets d’origine qui craquent, des moulures au plafond et un balcon. Tout cela au coeur de la ville, Emmanuelle en rêvait. Beaucoup de couleurs avec une dominante de bleus, de noirs et de dorés, des lignes graphiques, des tissus éclatants ont ajouté de la profondeur aux petites pièces et transformé l’espace en un lieu chaleureux et romantique. Elle y vit avec son ami Marc depuis 2 ans. Le long couloir qui dessert l’appartement aurait pu sembler un peu sombre, elle lui a donné vie avec des touches de couleur éclatantes sur les murs, les meubles et le sol. Quand on entre, on ne peut s’empêcher de guigner vers le dressing, aux épais rideaux de velours, qui cachent les trésors de cette passionnée de mode. Sa célèbre boutique Rouge de Honte, aux marques super pointues attira les fashionistas de toute la Suisse pendant de nombreuses années. Styliste de formation, après une longue étape à Marseille, Emmanuelle est de retour à Lausanne, en pleine transition vers une carrière de décoratrice d’intérieur. A l’évidence cette conversion lui sied à merveille, son talent pour la déco saute aux yeux.

http://www.emmanuellediebold.com

Pour laisser libre cours à sa créativité, elle a emménagé un coin travail dans la salle à manger. Cette dernière ouvre sur la terrasse petit havre de paix où l’on entend à peine le bruit de la ville. De nombreuses plantes et herbes aromatiques recouvrent le sol et les murs, offrant un sentiment de bien-être et de détente quand Emmanuelle a besoin d’une pause. Depuis la salle à manger on accède directement au petit salon qui offre une association particulièrement réussie de teintes chatoyantes et de brillance, le canapé en velours bleu-vert Roche Bobois, qu’elle a pris son temps pour dénicher, est simplement parfait. Dans la chambre à coucher, boudoir chic inspiré des années 30, le mur est peint dans un bleu turquoise éclatant, une série d’objets et de vases anciens délicats ajoutent au côté aérien du lieu. Emmanuelle ose les couleurs vives, les mélanges de tons et de matières, associant avec aisance le contemporain au vintage. Oeuvres d’art, accessoires et meubles des années 50, qu’elle affectionne particulièrement, s’y côtoient dans une atmosphère moderne et lumineuse sans tomber dans les clichés de style.

Emmanuelle

Quand et comment as-tu trouvé cet appartement ?

A mon retour de Marseille, en Automne 2014, je me suis installé avec mon nouveau compagnon et nous avons eu la chance de trouver cet appartement par le biais d’amis.

Mon ami n’avait que des meubles noirs et gris, très contemporains et masculins…et moi que de la couleur et des pièces vintage à tendance rococo… chacun détestait les meubles de l’autre !!! ça a été un challenge pour moi d’arriver à intégrer les 2 types de mobilier de façon harmonieuse et surtout que ça nous plaise à tous les deux !

 Est-ce que tu as fait des transformations ?

Très peu, car l’appartement avait été très bien rénové, il avait gardé son cachet avec moulures, vitraux, parquets, cheminée. En fait je me suis inspiré de ses éléments anciens pour le décorer et les mettre en valeur.

J’ai juste repeins deux murs en turquoise dans la chambre à coucher et la niche de l’entrée en violet foncé pour la faire ressortir. Je ne peux pas m’empêcher de mettre de la couleur sur certains murs… C’est ma marque de fabrique.

Parles-nous de tes choix de couleur ?

En règle générale, j’aime les couleurs fortes, raffinées et profondes. J’adore le bleu, surtout le bleu-vert, canard, pétrole, turquoise car je trouve qu’il donne de la gaité et qu’il est facile à vivre. On ne s’en lasse pas et il va avec tout. Je l’utilise souvent en fil conducteur, tout comme le noir qui souligne et renforce les autres couleurs. J’adore le noir et blanc, c’est à la fois graphique et élégant, moderne et intemporel.

En revanche je ne suis pas très gris et beige…

En ce moment je travaille beaucoup avec du jaune (ocre, moutarde, absinthe…) que j’associe avec du rose pâle, du gris, du bleu. C’est gai, subtil et très tendance.

J’adore les associations de couleurs, surtout quand elles sont inattendues.

Quels matériaux favorises-tu?

Comme pour les couleurs, j’aime les mélanges détonants. Je mixe aisément tous les matériaux pour éviter le coté uniforme et froid. Marbre, bois, métal, verre, céramique, cuir, tissu, peau de vache ou mouton, matières chaudes et froides, neuves et patinées, mattes et brillantes… C’est infini, c’est riche, c’est comme les styles on peut tout mixer à condition de savoir doser.

Deux designers qui t’inspirent ?

India Mahdavi est ma référence absolue, elle sait tout faire de l’architecture au détail, elle ne laisse rien au hasard. Son style fantaisiste et rigoureux à la fois, éclectique, glamour et féminin qui frôle parfois le kitsch et le mauvais gout me ravit. Elle ose tout et elle est très avant-gardiste pour ça. Malheureusement le contraire du minimalisme cher aux suisses… Je me reconnais aussi dans l’univers et les couleurs de Sarah Lavoine, plus classique, mais élégant et sans faute.

Un objet ou un meuble auquel tu tiens particulièrement ? Pourquoi ?

Il y en a plusieurs car j’ai beaucoup d’objets anciens et de famille et je suis attachée aux objets particuliers qui ont une histoire. Ils me suivent dans mes (nombreux) déménagements et j’aime leur donner une nouvelle vie à chaque fois. J’ai par exemple un vieux papyrus immense qui me suit depuis plus de 30 ans et dont la première bouture me vient de ma grand mère, à chaque déménagement je me demande s’il va survivre, et il s’adapte si bien à son nouvel environnement qu’il devient de plus en plus grand.

Un autre objet mythique qui me suit depuis longtemps et Dieu sait s’il est fragile et délicat à transporter, c’est mon grand miroir du XVIIIe hérité de mon grand père : les clientes de la boutique Rouge de honte se sont mirées dedans pendant des années, avant qu’il ne me suive dans tous mes déménagements…

Tu as un vrai talent pour la décoration ; comment l’as-tu découvert ?


J’ai toujours adoré associer les choses de façon à créer un style personnel et original. Que ce soit pour aménager un espace, dessiner une collection de vêtements (ce qui est mon premier métier), inventer des looks pour moi ou mes clientes,  ou créer une ambiance pour des photos, des vitrines, des lieux… Pour moi c’est la même chose : c’est une façon d’oser assembler des couleurs, des matières, des styles de façon harmonieuse et innovante.

4 mots pour décrire tes méthodes de travail ?

implication, personnalisation,  recherches et créativité

La définition du bon goût dans la décoration d’intérieur ?

Il faut oser le mauvais gout ! ou ce qui est considéré comme du mauvais gout. Mélanger des couleurs, des motifs, des styles… Il n’y a pas un bon gout, il y en a plusieurs. Par contre, pour moi le mauvais gout, c’est la banalité, l’uniformité, le « tout dans la même couleur et le même style »

Où aimes-tu partir et tes voyages sont-ils une source d’idée précieuse dans ta profession ?

Tout m’inspire : la nature, l’architecture, les villes, des expositions, des films… je prends beaucoup de photos, notamment d’ambiances de couleurs. Par contre, dans la réalité, je m’inspire plutôt du lieu que je dois décorer. Cela peut-être l’architecture du lieu, des détails d’époque à mettre en valeur, du mobilier existant, un tableau, une vue sur la mer ou la montagne, ou le souhait d’un client…

Une adresse déco incontournable ?

Chic Cham qui est toujours à la pointe des tendances et se réinvente à chaque saison, Eagon Eagon qui a un style très personnel et un choix d’objets pointus et raffinés, Kiss the Design pour sa sélection vintage sans faute et ses expositions de jeunes artistes, un bon mix.